Alice dans les livres - Jean-Marie Gourio
Cette semaine d'Alice se poursuit avec un ouvrage hors du commun, extrêmement touchant et grave. Je suis vraiment contente d'avoir participé à ce challenge car il m'aura fait découvrir de très beaux romans, entre autre.
Il va m'être très difficile de vous parler justement de ce merveilleux roman, qui me bouleverse encore. Mais je vais
essayer...
De: Jean-Marie
Gourio
Date de publication: 5 Janvier 2006
Editions: Julliard
Nombre de pages: 134
ISBN: 2260016901
Résumé du livre: Nous sommes à l'hôpital. Chaque jour depuis des mois, un homme lit Alice au pays des Merveilles', de Lewis Carroll, à sa petite fille Alice. Le Livre sauvera-t-il son enfant de la maladie ? Alice au pays des Merveilles' sauvera-t-elle Alice du pays des Souffrances?
Il faut croire aux histoires, disent les livres. Alors Alice au pays des Merveilles' quitte son royaume pour venir à la rencontre de la petite Alice à l'hôpital. Sortant du livre de Lewis Carroll, traversant les autres livres de la bibliothèque pour apprendre la vie, Alice et le Lapin blanc entraînent la fillette malade dans leur rêve.
Résumé: Ce roman bien qu'abordant un thème très dur-car après tout, qui y'a t-il de pire que la mort d'un enfant?-se lit assez facilement. Il faut simplement accepter de se laisser porter par le texte, ne sachant jamais tout à fait à quelle Alice l'auteur fait allusion.
En effet, il y a deux Alice: Alice au pays des Merveilles, celle du livre, que nous connaissons tous; cette Alice qui ne sait pas ce que mourir veut dire. Et il y a Alice, d'un an plus jeune que son modèle, qui se meurt dans une chambre d'hopital. Cette dernière c'est Alice au pays des souffrances.
Mais que se passe t-il quand les deux univers se rencontrent, cherchent à se comprendre. C'est ce que nous raconte ce livre.
Alice au pays des merveilles s'ennuie un peu dans son monde. Elle veut apprendre ce que mourir veut dire pour pouvoir aider la petite Alice souffrante dans l'autre monde. C'est pourquoi elle quitte son pays merveilleux accompagnée du lapin blanc, pour se promener dans d'autres livres tels que Le Ventre de Paris d'Emile Zola, ou encore Du côte de chez Swann de Marcel Proust. Au fur et à mesure, Alice va apprendre ce qu'est la souffrance, la violence, la mort, et la Vie! L'horreur va aller crescendo à mesure que son voyage (initiatique?) avance, jusqu'à se terminer dans la chambre d'hopital de la petite mourrante...
La force de ce texte est d'aborder un thème très violent, tout en douceur. Ainsi, je vous cite un passage du livre que je trouve très joli:
« J'ai toi pour t'occuper de moi, et toi, tu as moi pour m'occuper de toi».
Cette parole vaut aussi bien pour Alice au pays des merveilles qui essaie de sauver Alice au pays des souffrances, mais également pour Alice et son père Samuel, ou encore pour le lapin qui veille sur l'Alice des livres.
Ce livre pose aussi la question de la littérature comme remède, comme "thérapie" à la douleur, à la souffrance. Ainsi, le lapin blanc demande à Alice au pays des merveilles:«Croyez-vous qu'il soit possible à un livre de sauver une fillette de la souffrance et de la mort?»
Et le lapin poursuit par cette réflexion qui résume, je trouve, toute l'essence du mythe d'Alice au pays des merveilles pour nous autres lecteurs d'aujourdhui:
«Vous n'êtes pas un livre, tendre Alice, vous êtes Alice au pays des merveilles, éternellement! Vous êtes vivante et vous n'avez pas le droit de mourir! Combien de fillettes mourront alors que vous continuerez à somnoler sur le talus au soleil, à jouer, à me poursuivre, à taquiner les Jardiniers! Vous êtes immortelle, Alice, à travers vous toutes les petites le sont! Vous êtes l'enfance des petites filles de la terre, petite Alice, l'éternelle enfance! Vous ne pouvez mourir!»
Voilà, je pense que tout est dit! Ce livre mérite
d'être lu plusieurs fois à mon avis, pour en saisir toute l'essence...et tous les sens.